Airbnb, Google, Amazon et Uber entendent fabriquer la ville du XXIe siècle. Va-t-on les laisser faire ?

Loin de sa promesse initiale, l’économie du partage est devenue une économie de la prédation : Paris a vu 20 000 de ses logements disparaître au profit de la plateforme Airbnb, dont elle est la première destination mondiale. Données inédites à l’appui, Ian Brossat explore les conséquences de cette « ubérisation de l’urbain » : spéculation, loyers plus chers, éviction des habitant.es des centres-villes et ségrégation spatiale, standardisation et disparition des commerces, transformations des temps de vie et des usages de la ville, perte d’identité des quartiers…
Pour lutter contre l’ubérisation des villes, il faut se reposer la question des géographies du pouvoir. Une question d’autant plus urgente qu’Airbnb n’est que la face émergée d’un iceberg beaucoup plus vaste : Google se lance la promotion immobilière, Amazon se positionne en concurrent de tous les commerces, du vêtement à l’aliment, Uber privatise la circulation en ville.
Ces acteurs, plus puissants que des États, entendent transformer nos villes en marchés, et peser sur les lois pour maximiser leurs profits. Allons-nous les laisser faire ?

Ian Brossat, 38 ans, est Adjoint à la Mairie de Paris chargé du logement et de l’hébergement d’urgence. Nouvelle figure de la gauche française, il se bat pour la mise en oeuvre d’une mixité sociale réelle dans la capitale. Depuis 2014, il se bat face aux lobbys et à Airbnb pour réguler la multinationale américaine, en France et en Europe.